Le procureur de la République de Brazzaville n’a pas encore délivré d’ordre de sortie à l’opposant congolais Paulin Makaya, qui vient de purger une peine de deux ans de prison. Le 14 septembre 2018, une trentaine de militants de Unis pour le Congo (le parti de Paulin Makaya) s’étaient rassemblés devant la maison d’arrêt où ils ont attendu en vain sa libération.
C’est pour avoir participé à un mouvement de protestation contre le référendum sur la modification de la Constitution – qui a permis a Denis Sassou Nguesso de se présenter à nouveau et de remporter le scrutin présidentiel de 2016 – que Paulin Makaya a été arrêté. Il est l’un des opposants politiques les plus farouches de Sassou Nguesso, au pouvoir depuis 34 ans.
Une longue détention
Libérable une première fois en décembre 2017, il a été accusé de complicité d’évasion et maintenu en détention. Paulin Makaya n’a cessé depuis de clamer son innocence dans cette affaire d’évasion.
Amnesty International, par la voix de son chargé de campagnes sur l’Afrique centrale, considère que les accusations sont infondées et ne visent qu’à réprimer des opposants politiques «qui exercent de manière pacifique leur droit à la liberté d’expression et de réunion».
Paulin Makaya s’ajoute à une longue liste d’opposants politiques emprisonnés depuis le scrutin présidentiel, comme le général Jean-Marie Michel Mokoko, candidat à l’élection, mais condamné depuis à vingt années de réclusion.
Le coup d’Etat permanent
«Libre, Paulin Makaya est susceptible de mobiliser de nouveau une population rongée par une crise économique endémique et des grèves à répétition», affirme Jean-Claude Miangouayila dans le journal l’Opinion.
Arrivé au pouvoir en 1997 à la faveur d’un coup d’Etat et d’une terrible guerre civile, Sassou Nguesso (auparavant président de la République populaire du Congo de 1979 à 1992) a réussi à se maintenir, sans que ses résultats économiques et sociaux ne soient jamais à la hauteur des richesses pétrolières du pays. Le FMI a repoussé à plusieurs reprises une aide financière à Brazzaville en raison de la mauvaise gouvernance du pays.