Les médecins , même s’ils n’ont jamais été aussi nombreux en France, s’installent de moins en moins en cabinet, en particulier les généralistes. Cette situation inquiétante, couplée à un vieillissement des médecins en exercice et à un intérêt croissant pour le salariat, a conduit le Président de la République à demander le 1er février 2010 au Dr Michel Legmann, président du Conseil National de l’Ordre des médecins (Cnom), de présider une mission de réflexion sur ce sujet afin de proposer des mesures d’amélioration.
Pour y parvenir, le Dr Legmann et son groupe de travail, constitué “d’élus, de médecins libéraux, de personnalités et d’experts qualifiés“, ont auditionné à de multiples reprises des représentants des professions médicales libérales, des étudiants en médecine, des jeunes médecins et des responsables de grandes institutions.
Ces experts ont d’abord procédé à un état des lieux, qui rejoint les
conclusions récentes du Cnom et
celles des syndicats :
– une répartition inégale des effectifs,
– des disparités régionales qui se creusent,
– un vieillissement progressif faisant craindre des départs massifs à la retraite dans les prochaines années,
– une féminisation de la profession. Or les femmes “produisent 30 % de soins de moins que les hommes, vraisemblablement en raison de leurs contraintes familiales“,
– un intérêt croissant pour le choix d’un exercice professionnel non libéral.
Résultat, le nombre de médecins installés en cabinet va inéluctablement diminuer en France dans les prochaines années, alors que parallèlement la population française va continuer de croître, ainsi que ses besoins de soins du fait de son vieillissement.
Outre le vieillissement et la féminisation , les 3 autres facteurs identifiés de cette désaffection sont :
– l’attrait du salariat, qui permet notamment de se protéger de la judiciarisation de la pratique médicale et de travailler à horaires fixes ;
– la formation, centrée actuellement sur l’hôpital ;
– la bureaucratisation de la médecine libérale (demandes permanentes de rédaction de papiers, certificats, dossiers, grilles de la Sécurité Sociale, etc.) couplée à un accroissement des contrôles et obligations administratives.
La mission Legmann propose donc d’agir sur 3 axes :
– la formation initiale, qui pourrait à l’avenir comporter des stages de découverte de la médecine libérale dès la deuxième année, ainsi que 2 semestres de stages de spécialisation obligatoires pour tous les internes en médecine générale (contre un seul actuellement, voire aucun dans certaines universités). Une fois le médecin installé, il pourrait lui être proposé des formations complémentaires pour diversifier son activité ;
– L’installation : un guichet unique régional pourrait permettre d’aider le médecin à s’installer en centralisant toutes les informations nécessaires ; l’obligation actuelle de déclaration des congés, vécue comme une vexation, pourrait être supprimée, ainsi que l’obligation d’exercer dans une zone déficitaire (contrat Solidarité Santé). Par contre un exercice libéral dans une telle zone serait valorisé;
– Les conditions d’exercice : Les regroupements seraient favorisés afin de “simplifier les problèmes matériels et administratifs“ et intégrés dans une organisation territoriale avec une mise en place de plateforme de services (télémédecine, consultations pluridisciplinaires, locaux de réunion, etc). De nouvelles fonctions d’assistant de santé“ et de “coordonnateur d’appui“ pourraient également être créées, afin de “permettre aux médecins de se recentrer sur leur métier de base“, pour lequelle les conditions de rémunérations pourraient être revues. Enfin les systèmes d’information seraient améliorés, ainsi que la protection sociale des praticiens libéraux (leur retraite par exemple).
Les auteurs du rapport insistent sur le “désenchantement actuel de tous les médecins libéraux, la démotivation des jeunes et l’inquiétude des élus locaux“, ce qui nécessite “la mise en place de réformes audacieuses“. Un défi peut-être relevé par Nicolas Sarkozy et Roselyne Bachelot dès demain, lors de leur déplacement en Seine-Saint-Denis le 16 avril pour annoncer quels calendrier et plan d’action sont envisagés pour réformer la médecine de proximité.
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Jean-Philippe Rivière
Source : “Définition d’un nouveau modèle de la médecine libérale“, mission confiée au Dr Michel Legmann, avril 2010,
téléchargeable en ligne sur le
site de la Documentation Française