Publié par l’institut national du cancer (InCA), un rapport sur la situation de la chimiothérapie en France recense et analyse les évolutions récentes de cette pratique dans les établissements de santé. Ce document s’inscrit dans la mise en oeuvre du Plan cancer 2009-2013 et la garantie d’un égal accès aux traitements et aux innovations. Il traduit l’avènement de la chimiothérapie en tant que traitement de référence pour de nombreux cancers et l’arrivée de nouvelles molécules ciblées plus coûteuses.
En 2009, 270 000 patients ont bénéficié d’un traitement par chimiothérapie, soit une augmentation de 24 % par rapport à 2005. Durant la même période, le nombre de patients traités pour cancer a progressé de 12 % par rapport à 2005, soit 358 000 patients. Cinq pathologies cancéreuses (digestif, sein, poumon, gynécologie et hématologie) représentent à elles seules près de 78 % des chimiothérapies réalisées en 2009. Ainsi, 28 % des patients traités par chimiothérapie étaient atteints de cancers digestifs, contre 19,5 % de cancers du sein, 13,2 % de néoplasies hématologiques et 11,8 % de cancers du poumon.Des traitements ciblés plus efficaces et plus coûteuxEn 2009, les molécules anticancéreuses innovantes et coûteuses représentaient 57 % du coût total ces médicaments, soit plus de 1,03 milliards d’euros (hors secteur privé). Le coût annuel de ces médicaments anticancéreux a augmenté de 6,5 % entre 2008 et 2009. Pour la deuxième année consécutive, les dépenses des molécules dites de “biothérapies“ sont majoritaires et représentent 57 % des coûts des molécules anticancéreuses.
De 2004 à juillet 2010, 30 nouvelles molécules ont obtenu une première autorisation de mise sur le marché en oncologie, parmi lesquelles près de la moitié appartiennent aux nouvelles classes de molécules ciblées sur un phénomène biologique. Ces traitements ne sont efficaces que si un test moléculaire effectué sur la tumeur du patient identifie un biomarqueur, confirmant ainsi l’intérêt de la prescription. Pour faciliter ce ciblage, l’Institut National du Cancer a mis en place un programme de détection de ces biomarqueurs au sein des 28 plateformes de génétique moléculaire des cancers réparties sur l’ensemble du territoire.
Ces médicaments innovants sont aujourd’hui remboursés aux établissements sous réserve de respecter les “référentiels de bon usage“ produits par l’INCa et l’Afssaps et réactualisés au moins une fois par an.La chimiothérapie orale est elle aussi en pleine expansion, ces médicaments sont délivrés en officine et pris à domicile par les patients avec des durées de traitement parfois longues, certains cancers ayant une évolution chronique.Des pistes pour offrir le meilleur traitement tout en maitrisant les coûts Afin d’améliorer, en termes de sécurité et de maitrise des coûts, l’usage de toutes les molécules anticancéreuses, quel que soit leur mode d’administration, quatre pistes de réflexion sont proposées par l’InCA :1 – La réalisation et le contrôle du respect des référentiels de bon usage et leur élargissement à plus de molécules, notamment aux anticancéreux administrés par voie orale. 2 – La mise en place de mesures spécifiques pour restreindre l’usage des “chimiothérapies ciblées“ aux seuls patients dont la tumeur a bénéficié de l’identification de biomarqueurs préalable à la prescription de ces molécules.3 – La révision régulière des nouvelles molécules ciblées plus coûteuses afin d’éviter un effet inflationniste et d’autoriser l’accès à ce statut pour de nouveaux médicaments. 4 – Le renforcement de l’accès aux essais cliniques sur le territoire afin d’accélérer les connaissances et de faciliter la rationalisation de l’emploi de ces nouvelles molécules. La cancérologie est une des disciplines médicales qui évolue le plus rapidement. Face à l’inflation du prix des nouvelles molécules, certains prônent un système de régulation pour pouvoir maitriser les coûts liés au traitement de ces maladies. Un système que réfutent la plupart des praticiens qui veulent pouvoir offrir le meilleur traitement et donc le plus de chances à leurs patients.Luc BlanchotSource : “Situation de la chimiothérapie des cancers en 2010“ – (
accessible en ligne sur le
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