Selon une étude pilote menée auprès de 200 officines par le Conseil national de l’ordre de pharmaciens, 539 médicaments sont comptabilisés comme manquants. Une menace de rupture de stock qui, si elle n’est pas toute récente, semble devenir plus importante et inquiétante pour les pharmaciens, les médecins et les hôpitaux.
539 médicaments manquent dans 200 officines.
Bien avant l’affaire des
difficultés d’approvisionnement en Lévothyrox en août 2013, des ruptures de stock et des difficultés d’approvisionnement de certains médicaments étaient signalés plus ou moins régulièrement. En 2011,
l’Académie nationale de pharmacie alertait déjà sur les risques très probables de pénurie de médicaments notamment en raison de la mondialisation dans la chaîne de production.Une pénurie qui s’accentue avec le tempsEn 2013, la même Académie nationale de pharmacie émettait des recommandations face à la multiplication des pénuries de médicaments et des ruptures d’approvisionnement. Dans ce document, 8 causes de ces pénuries ont été identifiées, à savoir :“1. situations de pénurie ou abandon de la production de certaines matières actives encore utiles à la santé publique ;2. ruptures par défaut de qualité des matières premières importées ;3. situations de pénurie de médicaments par abandon de production de certaines formes pharmaceutiques de faible rentabilité ;4. ruptures de stocks de médicaments liées à un défaut de qualité de fabrication, à la politique menée en matière de fabrication en particulier de certaines formes de médicaments ou de gestion des stocks industriels ;5. ruptures d’approvisionnement liées au circuit de distribution ;6. difficultés en relation avec le système d’appels d’offres publics (Hôpitaux) ;7. pénuries de médicaments particuliers (médicaments orphelins, pédiatriques, radiopharmaceutiques) ;8. difficultés particulières rencontrées au niveau de la pharmacie d’officine.“Par ailleurs, hormis les 539 médicaments manquants qui viennent d’être rapportés par Isabelle Adenot, Présidente du Conseil national de l’ordre des pharmaciens, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a publié plus de 400 notices de rupture de stock rien qu’au cours de l’année 2013. Dans les deux cas, il s’agit de médicaments pouvant être remplacés par des génériques mais aussi de certains médicaments ne pouvant pas l’être, notamment des anticancéreux.La mondialisation pointée du doigtSi les causes de pénurie de médicaments sont diverses, comme le signale le rapport de l’Académie nationale de pharmacie, la majorité des documents pointent du doigt la mondialisation de la fabrication des médicaments comme facteur majeur de cette pénurie.A titre d’exemple, dans son dernier cahier thématique, l’Ordre national des pharmaciens précise que la part de marché de production de matières premières pharmaceutiques d’origine indienne est passée de 6,5 % en 2005 à 12 % en 2010. Il est précisé par ailleurs que “plus de 35 % des matières premières utilisées dans la fabrication de médicaments en France proviennent de 3 pays seulement : l’Inde, la Chine et les Etats-Unis“. Et d’ajouter “qu’en 2015, la région Asie sera la première zone géographique productrice de substances actives pharmaceutiques“. Ces évolutions posent déjà le problème de l’approvisionnement mais également constituent une préoccupation en ce qui concerne le contrôle de qualité de la chaîne du médicament.Dr Jesus CardenasSources :Europe 1.Agence nationale de la sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Liste ruptures de stock 2013 (
disponible en ligne).Académie nationale de pharmacie. Recommandations – Médicaments : ruptures de stock, ruptures d’approvisionnement. Une problématique polymorphe, diversité d’origines, solutions plurielles. 24 avril 2013.Les cahiers de l’Ordre national des pharmaciens. La qualité de la chaîne du médicament à l’heure de la mondialisation. Des rumeurs à l’information. Cahier thématique No 4, novembre 2013.