Deux ans après que l’actrice Angelina Jolie, porteuse d’un gène l’exposant au cancer du sein, ait annoncé sa double mastectomie préventive, le nombre de chirurgies mammaires préventives aurait très fortement augmenté en Grande Bretagne. Mais dans quels cas, cette chirurgie radicale peut-elle être proposée ?
La célèbre actrice américaine avait subi une double mammectomie préventive et une ablation des ovaires en 2013 pour éviter tout risque de cancer.
A l’origine de “l’effet Angelina Jolie“Beaucoup se souviennent encore de la tempête médiatique provoquée par l’annonce, en mai 2013, de la
double mastectomie qu’avait choisie de subir Angelina Jolie. L’actrice américaine porteuse d’une mutation des gènes BRCA1, dont était également porteuse sa mère, décédée d’un cancer du sein, y expliquait alors son choix personnel afin d’éviter un risque porté à 87% de développer un jour un cancer du sein (avec 30 % de risques de mortalité) et un risque de 50 % de développer un cancer de l’ovaire (
l’actrice avait également décidé de se faire retirer les ovaires).L’ablation des seins n’annule pas totalement le risque de cancer car il est pratiquement impossible de supprimer totalement la glande mammaire. Cependant, chez les femmes à risque génétique élevé, comme c’était le cas pour Angelina Jolie, plusieurs études ont montré une baisse significative de survenue des cancers. En effet, le risque après mastectomie est de 4 à 5 % (contre 60 à 80 % sans mastectomie) et avec un risque de décès qui passe à 2 % (contre 30 à 40 % avant). Autrement dit, la star américaine a ramené son risque à celui de la population générale des femmes grâce à cette intervention.Sa décision a suscité un regain d’intérêt notable envers la recherche génétique du cancer du sein auquel une équipe de chercheurs du centre de prévention du cancer du sein de l’hôpital universitaire du sud de Manchester a décidé de se consacrer.Deux fois plus de mastectomies préventives en Grande-Bretagne ?Dans leur étude, publiée dans la revue Breast Cancer du 25 novembre 2015, les chercheurs ont constaté que le nombre de double mastectomies effectuées dans leur centre avait plus que doublé entre janvier 2014 et juin 2015 atteignant un total de 83 opérations alors que seulement 29 chirurgies mammaires préventives y avaient été réalisées entre janvier 2011 et juin 2012.S’ils n’ont pas sondé les patientes sur les motivations sous-jacentes à une telle opération, Gareth Evans, professeur de génétique clinique, et son équipe supposent que “l’effet Angelina Jolie“ y est pour beaucoup.Au Centre de prévention du cancer du sein de l’hôpital universitaire su sud de Manchester, le nombre d’opérations chez les femmes porteuses des mutations du gène BRCA1 et BRCA2 est passé de 17 opérations réalisées entre janvier 2011 et juin 2012 à 31 pour la période janvier 2014 à l’été 2015.Même les femmes non porteuses de ce gène y ont eu recours, soulignent les chercheurs notant que leur nombre était passé de 12 à 52 sur la même période.Ces derniers précisent qu’il faut compter un laps de temps de 9 à 12 mois intervenant entre la consultation initiale et l’opération. Un délai qui peut expliquer l’augmentation des chirurgies mammaires préventives essentiellement début 2014, soit 9 mois environ après l’annonce médiatique d’Angelina Jolie.Un effet qui s’est prolongé à long terme, selon les auteurs de cette étude. Il serait selon eux intéressant de voir si d’autres centres, en Grande-Bretagne et ailleurs, ont constaté des résultats similaires.Le cas particulier des mutations génétiques BRCA1 et BRCA2Avec plus de 50 000 nouveaux cas annuels en France, le cancer du sein représente aujourd’hui la première cause de mortalité par cancer chez les femmes.Bien évidemment, la mastectomie prophylactique ne concerne pas toutes les femmes. Le recours à une telle technique se pose essentiellement pour celles présentant une très forte prédisposition génétique de cancer du sein. Deux principaux gènes BRCA 1 ou BRCA 2 sont impliqués, responsables de près de 80 % des cancers du sein d’origine génétique. Les femmes porteuses de ces mutations génétiques ont environ un risque sur quatre d’être atteintes selon la Haute autorité de santé.Pourtant, 120 000 Françaises ignorent être porteuses de ce gène. Les
nouvelles recommandations de l’instance préconisent un dépistage avant 50 ans et une éventuelle consultation d’oncogénétique.Si la
mastectomie préventive ne fait l’objet d’aucune réglementation particulière en France, l’Inca (Institut national du cancer) a émis des
recommandations en octobre 2009. Mais dans tous les cas, il ne faut pas oublier que chaque femme est unique, et que chaque cas doit être examiné de manière individuelle. C’est aux médecins d’évaluer la pertinence d’une mastectomie préventive. Et c’est à chaque femme concernée ensuite de décider en connaissance de ce qu’elle souhaite. David Bême Avec AFP/RelaxnewsSource :
Longer term effects of the Angelina Jolie effect: increased risk-reducing mastectomy rates in BRCA carriers and other high-risk women – D. Evans, Julie Wisely, Tara Clancy, Fiona Lalloo, Mary Wilson, Richard Johnson, Jonathon Duncan, Lester Barr, Ashu Gandhi, Anthony HowellBreast Cancer Research 2015, 17:143 (25 November 2015)Photo : ©AFP PHOTO / FREDERIC J BROWNClick Here: cheap nrl jerseys