Le Conseil de Paris a voté mardi l’attribution d’une subvention de 850.000 euros qui permettra d’ouvrir à l’automne à l’hôpital Lariboisière (Xe arrondissement) la première salle de consommation à moindre risque (SCMR), ou “salle de shoot“, de la capitale.Cette salle comprenant un accueil, une salle d’attente et de consommation, sera aménagée sur 450 m2 dans l’enceinte même de l’hôpital. Gérée par l’association Gaia Paris, elle pourra accueillir 200 personnes par jour.
Le terrain de l'hôpital Lariboisière à Paris accueillera la future salle de shoot parisienne.
Le principe des “salles de shoot“Le principe de l’expérimentation des “salles de shoot“ ou salles de consommation à moindre risque (SCMR) figure dans
la loi santé adoptée en décembre dernier par le Parlement. Elles visent à réduire les risques auxquels s’exposent les usagers de drogues. Ces
salles de shoot, destinées à des toxicomanes très désocialisés pour éviter qu’ils se droguent dans la rue, ne pourront accueillir que des usagers majeurs, qui apporteront leur propre produit pour leur seule consommation sur place, sous supervision d’une équipe de professionnels de santé. Les salles de consommation à moindre risque permettront aux toxicomanes de consommer leurs propres produits dans de bonnes conditions d’hygiène et sous la supervision de personnels de santé.Plusieurs
études ont permis de montrer que de tels dispositifs permettent de limiter les infections, les surdoses mortelles et les autres complications sanitaires des usagers les plus marginalisés en leur fournissant des conditions d’injection sécurisée et du matériel stérile ; pour les usagers d’entrer en contact avec des professionnels du soin et de l’accueil médico-social, pour les inciter notamment à se soigner ; d’améliorer la situation pour les riverains, dans des quartiers où les toxicomanes sont nombreux, en réduisant le nombre d’injections et la présence de seringues usagées dans l’espace public.Au-delà de Paris, des expérimentations sont prévues à Bordeaux, Marseille et Strasbourg.Une expérimentation combattue par l’oppositionLa subvention d’investissement a été votée par la majorité municipale de même que l’UDI-MoDem. Le groupe Les Républicains a voté contre.
Rémi Féraud, président du groupe PS et maire du Xe, qui porte le projet depuis plusieurs années, s’est félicité du fait que Paris “prolonge son action constante en matière de réduction des risques“. Il a taclé la chef du groupe LR parisien Nathalie Kosciusko-Morizet, également candidate à la primaire de la droite, “si moderne quand on l’entend dans les médias“ et dont le groupe “reste celui de la droite conservatrice“.Cette salle n’est “pas utile et de surcroît dangereuse“, avait estimé Philippe Goujon, maire LR du XVe selon qui “les centaines de centres d’accueil et de soins, les traitements de substitution (…) font de notre système de prise en charge des toxicos dépendants l’un des plus performants au monde“. Elle est de plus “le premier pas vers la dépénalisation, voire la légalisation de la drogue“, a-t-il ajouté.Pour la ministre de la Santé, Marisol Touraine qui a signé
l’arrêté permettant cette expérimentation la semaine passée : “Il ne s’agit en aucun cas de banaliser la consommation de drogues. Mais fermer les yeux face à telle une réalité sociale et sanitaire ne fera pas disparaître le problème. La France fait donc le choix d’inclure plutôt que d’exclure. D’accompagner, plutôt que de stigmatiser“.David BêmeSources :Communiqué du ministère de la Santé – 25 mars 2016Arrêté du 22 mars 2016 portant approbation du cahier des charges national relatif à l’expérimentation d’espaces de réduction des risques par usage supervisé, autrement appelés « salles de consommation à moindre risque » – JORF n°0072 du 25 mars 2016 – texte n° 19 (
accessible en ligne)AFP/RelaxnewsPhoto : ©AFP PHOTO / THOMAS SAMSON